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Chiffonniers

Au XVIIIe siècle, un commerce frontalier très particulier

Le papier n’a pas toujours été fabriqué à partir des fibres de bois. Par le passé, des chiffonniers passaient de village en village pour collecter les vieux linges, dont les fibres de lin et de chanvre étaient extraites pour fournir la pâte à papier.

Au 18e siècle, dans le Sundgau, c’est la manufacture de Roppentzwiller qui assurait la production locale de papier. Avec le développement de l’imprimerie, la demande en papier augmente et les vieux linges deviennent alors de plus en plus recherchés.

Dans le sud de l’Alsace, les papeteries bâloises n’hésitent pas à surenchérir afin de garantir leur approvisionnement en chiffons. Vers 1750, la pénurie est telle que l’exportation des chiffons vers la Suisse est purement et simplement interdite. Se développe alors une contrebande dont Schlierbach devient une plaque tournante !

Lenaïc Le Duigou le raconte dans un livre intitulé « Histoires de Papier » (Editions R. Hirlé, 1993). Elle cite notamment M. d’Aigrefeuille, alors Inspecteur des Manufactures d’Alsace, selon qui tous les papetiers – ainsi que « quantité d’honneste gens » des environs – affirment formellement que « presque tous les habitants du village de Schlierbach et plusieurs de celuy de Habsheim, l’un et l’autre du bailliage de Landser, font impunément cette espèce de contrebande ».
Lenaïc Le Duigou cite quelques anecdotes basées sur les actes de jugement rendus lorsque des contrebandiers se faisaient prendre. L’une de ces anecdotes raconte les aventures de Joseph Kempf, un Schlierbachois qui avait été désigné « garde étably avec bandoulière aux armes du Roy ».
L’action se passe en mai 1760. Sur le chemin de Hasbsheim, Joseph Kempf croise un groupe de seize Schlierbachois et Schlierbachoises, chacun(e) chargé(e) d’un sac de chiffons. Il leur conseille alors d’aller cacher leurs sacs en lieu sûr à Sierentz, des gardes étant à leurs trousses. Le petit groupe choisit de suivre ce conseil et rentre à Schlierbach, sans doute soulagé d’avoir échappé aux gardes. Quelques jours plus tard, ce même groupe se rend à la maison du pauvre Kempf pour en casser portes et vitres. Furieux de ne pas avoir retrouvé leurs sacs de chiffons à Sierentz, les chiffonniers soupçonnaient Kempf de les avoir revendus entre-temps ! L’histoire, telle que racontée par Lenaïc Le Duigou, ne dit pas si cela était vrai.
Cette anecdote a été reprise par Erik Orsenna en page 67 de son livre « Sur la Route du Papier » (Editions Stock, 2012). Ce livre a déjà été vendu à 110000 exemplaires à la mi-2012. Il vaut donc à notre village de figurer dans toutes les bonnes librairies... et il nous a permis de découvrir une facette oubliée de l’histoire du village.

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