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La Moisson

Grâce aux témoignages d’Anciens du Village, un travail de mémoire 

a été initié autour des métiers exercés dans les années 1930 et 1940.

LA MOISSON

Ma Mère venait d’enfourner les miches de pain, huit belles miches, qui allaient durer toute une semaine. Elle avait préparé la pâte la veille avec le levain de la préparation précédente, conservé à la cave, et elle avait ajouté un peu de levain de bière acheté à l’épicerie.

Je la regardais s’affairer en terminant ma part de « Vorfi rwaya », tarte salée à base de pâte à pain et garnie d’oeuf , de crème et de sel, qui avait été cuite pendant que le four montait en température.
Mon Père devait être parti depuis longtemps et labourait sans doute l’une des parcelles qui venaient d’être moissonnées, un léger labour de surface, pour y planter des navets et attendre le labour d’automne.
Ayant terminé de manger, j’étais allé jusqu’à la grange et je contemplais à présent les gerbes de blé empilées jusqu’aux tuiles.

Le blé avait été fauché à la mi-juillet. Les gerbes avaient été formées en les nouant fermement par une fi celle munie d’un petit bout de bois. Ce n’était pas un travail pour les enfants, car nos mains n’auraient pas résisté longtemps au frottement des fi celles et aux piqûres des chardons qui poussaient parmi les blés. Les gerbes avaient ensuite été mises en tas : soit pointes vers le haut, ce qui leur donnait l’aspectde pyramides, soit en croix avec les épis placés au centre. Elles avaient ensuite été chargées sur la charrette, ramenées à la ferme et stockées dans la grange. Avec mes frères, nous étions montés tout là-haut pour tasser les dernières gerbes sous les tuiles. Il faisait très chaud ce jour-là sous les tuiles et je m’inquiétais déjà à l’idée qu’il faudrait de nouveau monter là-haut lorsque le jour du battage sera venu.

LE BATTAGE

La batteuse avait pris place dans la grange. M. Schandene, le propriétaire de la batteuse, avait fait les derniers réglages et graissé les mécanismes.
Paysan comme mon Père, il s’y connaissait en mécanique et avait investi dans une batteuse qu’il faisait passer de ferme en ferme.
Des voisins et amis nous avaient rejoint car il fallait être une bonne dizaine pour mener à bien l’opération.
J’étais donc remonté sur le tas de gerbes qui diminuait à mesure que les heures passaient.
Une fois descendues du tas, les gerbes étaient dénouées et transmises à un grand gars qui alimentait la batteuse. Celui-ci occupait une place stratégique : c’est lui qui donnait la cadence à tous les autres. Il lui fallait donc aller le plus vite possible, pour mériter un verre de vin rouge, mais sans bourrer la machine au risque de voir M.Schandene rappliquer.
Les grains de blé descendaient directement dans d’énormes sacs. Ces sacs, qui pesaient au bas mot entre 50 et 70 kg, étaient ensuite remontés au grenier et vidés sur le plancher, où les grains allaient fi nir de sécher. De la presse sortaient les bottes de paille, déjà nouées, qui étaient stockées temporairement dans la cour. En fin de journée, elles seraient transférées dans la grange à la place occupée par les gerbes.

Les balles de blé – pellicules qui entourent les grains - étaient également conservées : mélangées à des betteraves hachées, elles seraient données aux bêtes cet hiver.
Nous vendions une partie du blé à la coopérative agricole de Sierentz. Une autre partie était conservée pour les semences à venir et le reste apporté au moulin de Uffheim pour en faire de la farine.


 

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